« Travailler et vivre sur la voie navigable Trent-Severn… pas seulement un mode de vie mais aussi un travail », explique Nicolas Angers, vice-président régional de l’UCET pour l’Ontario. « Nous sommes profondément liés à nos communautés. Leur sécurité et notre travail sont indissociables. Gérer comme il se doit la voie navigable, comme nous l’avons expliqué dans notre précédent article, c’est prendre soin de la terre et des communautés de ces régions.
Ne vous y trompez pas : c’est une véritable partie de plaisir que d’effectuer ce travail certes travail difficile qui fait appel à des compétences et à un savoir-faire que vous ne verrez nulle part ailleurs dans le monde. Les membres hautement spécialisés de l’UCET – machinistes, charpentiers, ingénieurs hydrauliques et autres gens de métier presque trop spécifiques pour les énumérer – sont intimement liés à ce système.
Angers décrit la complexité technique à laquelle peu de personnes pensent : « Pour vous donner une idée, le système comprend des projets de terrassement et d’abattage datant des années 1830 jusqu’au XXe siècle, avec des améliorations technologiques jusqu’à l’ère numérique. Nos membres possèdent des niveaux de connaissances et de compétences qui permettent à l’ensemble d’interagir et de maintenir la sécurité et la navigabilité de la région ».
Éclusier depuis 14 ans, Nicolas sait parfaitement ce qu’il faut faire pour maintenir le système en état de fonctionnement.
La construction a commencé avec les méthodes et la technologie des canaux et des écluses du XIXe siècle, et s’est poursuivie jusqu’à ce que l’ensemble de l’itinéraire devienne navigable en 1930. Depuis, les commandes et autres systèmes ont été améliorés grâce à l’électronique et aux interfaces numériques, et les améliorations se poursuivent en même temps que la maintenance. Ce qui n’a toutefois pas changé pendant toute cette période, c’est la nature cruciale de la fonction de la voie navigable. Sans sa navigabilité, sa régularisation des eaux, sa gestion de l’habitat de la faune et de la flore, et bien d’autres choses encore, le tourisme et les communautés de la région ne seraient pas ce qu’ils sont aujourd’hui. C’est ce que nos membres entretiennent et exploitent : il ne s’agit pas seulement d’un site patrimonial, mais de l’un de ces éléments d’infrastructure qui ouvrent le territoire aux loisirs, à la prospérité économique et à la sécurité des habitants.
L’atelier d’usinage d’Ashburnham à Peterborough est incroyable. Il est équipé de toutes sortes d’outils sur mesure et jouit d’une expérience humaine irremplaçable – plus d’un siècle de savoir-faire accumulé pour l’usinage de pièces, la fabrication de portes et l’entretien de quelque 400 kilomètres de voies navigables comportant 44 postes d’éclusage (y compris des barrages).

Le jour de la visite du vice-président national Mike Tennant et des membres de l’Exécutif national de l’AFPC, des machinistes créaient de nouvelles attaches et d’autres pièces pour remettre à neuf certaines des énormes vannes en fer qui contrôlent le débit d’eau à travers les portes des écluses. Dans un autre secteur, nous avons observé le processus de sculpture et de planification des énormes pièces de sapin de Douglas que nos membres utilisent pour construire les portes des écluses. Il existe un nombre incalculable d’autres pièces usinées et construites sur mesure qui permettent à tout cela de fonctionner, et seulement quelques douzaines de personnes de métier intimement en phase avec tout cela.
Certaines des installations qu’ils entretiennent sont vraiment impressionnantes ! Le dévouement et la créativité dans l’ingénierie et l’entretien sont évidents. Le plus grand des deux ascenseurs à bateaux se trouve à Peterborough — chaque fois qu’il fonctionne, il soulève un caisson de 1700 tonnes d’eau à 20 mètres de hauteur pour atteindre le canal supérieur. L’autre caisson descend en même temps grâce à un système de contrepoids hydraulique. L’autre écluse-ascenseur de Kirkfield est également impressionnante et très différente dans sa structure. L’équipement le plus particulier est peut-être celui de Big Chute, où un wagon spécialisé transporte des bateaux et d’autres embarcations hors de l’eau, au-dessus d’une autoroute et dans un autre tronçon de la rivière Severn, plusieurs fois par jour. L’effet est impressionnant, mais c’est le fruit de l’ingéniosité humaine, pas de la magie. Imaginez les milliers de composants et les machines finement réglées que nos membres entretiennent pour que tout cela fonctionne tout au long de la saison et soit réparé pendant l’hiver.
Les membres nous ont parlé des difficultés de leur travail unique, mais ô combien essentiel : il serait impensable pour ces membres de voir le système s’effondrer simplement à cause de difficultés rencontrées dans leur travail. Après tout, il s’agit d’une question de sécurité publique – pour leurs propres familles, voisins et communautés.
C’est là qu’intervient le militantisme des membres, et le Syndicat en est le vecteur. Les employeurs, y compris Parcs Canada, ont parfois besoin d’être sensibilisés à ce qui n’entre pas dans une case ou une ligne d’une description de poste, sans parler du sens de l’engagement des travailleurs à l’égard du bon fonctionnement de la voie navigable. Parcs Canada est leur employeur, mais leur mission est de veiller à ce que leurs communautés soient vivables et en toute sécurité.