L’arrivée d’un nouveau chef libéral signifie l’imminence d’élections – c’est du moins ce qui a été annoncé lorsque M. Trudeau a prorogé le Parlement janvier dernier. Cette prorogation met fin à la session parlementaire. Comment les années Trudeau se sont-elles déroulées pour les travailleurs et les syndicats, et quel est leur effet à long terme?
L’effet de levier du NPD
Une grande partie de ce qui a été positif pour les travailleurs provient de l’Accord d’approvisionnement et de confiance conclu avec le NPD fédéral. En détenant l’équilibre des pouvoirs, le NPD a obtenu que la législation fédérale anti-briseurs de grève soit élargie pour s’appliquer aux situations de grève et de lock-out. Cet accord a également permis d’accélérer la mise en place d’un régime national d’assurance-médicaments et un de soins dentaires. La législation anti-briseurs de grève dans le secteur fédéral est une mesure que les syndicats canadiens préconisent depuis longtemps. Les prestations pharmaceutiques et dentaires seront bénéfiques pour les familles de la classe ouvrière, car elles couvriront de nombreux travailleurs qui n’en bénéficiaient pas, et aideront à réduire des pressions sur les travailleurs qui doivent négocier des prestations de santé étendues.
Droits des travailleurs
Le gouvernement actuel a déclaré haut et fort qu’il soutenait les droits de négociation collective, y compris le droit de grève, mais il a violé ce droit en ce qui concerne les cheminots, les postiers et les ports. Dans certains cas, au lieu d’une législation de retour à l’emploi, ce gouvernement a utilisé l’article 107 du Code canadien du travail, ce qui est préoccupant pour le mouvement ouvrier. En fin de compte, nous ne pouvons compter sur aucun des gouvernements que nous avons vus jusqu’à présent pour se ranger du côté des travailleurs lorsque les employeurs prétendent que l’économie est mise à mal. Néanmoins, il est clair que le Bloc, le NPD et les Verts se sont opposés par le passé à la législation sur le retour à l’emploi, alors que les conservateurs l’ont toujours soutenue.
Le gouvernement libéral était également responsable de la renégociation de l’ALENA et a ajouté un chapitre sur le travail à l’accord, mais il n’est pas certain que le nouveau chapitre soit beaucoup plus fort que l’accord parallèle sur le travail existant.
PCU et SSUC
Si beaucoup se plaisent à critiquer la manière dont le gouvernement Trudeau a géré la pandémie mondiale de COVID-19, il faut être franc : aucun des critiques n’a jamais eu à faire face à une crise de santé publique comparable à celle-ci.
Les mesures visant à améliorer l’adoption des vaccins ont peut-être eu l’effet escompté, mais elles ont également suscité une résistance farouche. Parallèlement, lorsqu’il a fallu payer les gens pour qu’ils restent chez eux et atténuer les effets économiques des pertes d’emploi liées à la pandémie, le gouvernement fédéral a créé des programmes efficaces. L’Allocation Canadienne d’intervention d’urgence et la Subvention salariale d’urgence ont permis de maintenir à flot de nombreuses personnes et entreprises qui n’auraient pas eu d’autre choix.
Les travailleurs ont besoin d’une meilleure démocratie
Nous nous souvenons que l’une des promesses électorales les plus remarquées de M. Trudeau en 2015 était de réformer notre système électoral uninominal à un tour afin d’avoir un Parlement plus représentatif. Mais c’est l’une des premières promesses qu’ils ont rejetées en début de mandat. Les perspectives de ces élections fédérales, et peut-être la qualité de la discussion, auraient été bien différentes s’ils avaient tenu cette promesse.
Le bilan du gouvernement ne se limite pas à cela. Aucun gouvernement et aucun programme n’est tout bon ni tout mauvais. Nous exhortons les membres à faire preuve d’esprit critique à l’égard de ce que les partis et les candidats ont à offrir.
Nous encourageons les membres à assister aux réunions de tous les candidat(e)s et à poser des questions sur ce qu’ils proposent pour les travailleurs comme nous, pour les aides à la communauté et pour les services publics. L’histoire ne se résume pas au parti ou aux antécédents d’un candidat. Faites-leur savoir que les droits des travailleurs sont importants pour leur électorat et que, quel que soit le prochain gouvernement, les travailleuses et travailleurs surveillerons la façon dont il traitera nos droits et notre dignité.