Une inspectrice de Transports Canada démystifie les questions et nous met à jour.
Les nouveaux membres de l’UCET n’ont peut-être jamais entendu parler des systèmes de gestion de la sécurité (SGS), et ceux qui les connaissent mieux n’en ont peut-être pas entendu parler depuis un certain temps. Vous vous demandez si tout est résolu ? Attention : les préoccupations que l’UCET a soulevées très tôt au sujet des SGS et de la conformité restent valables et ne sont pas prises en compte.
Les inspecteurs de Transports Canada – en particulier dans les secteurs aérien et ferroviaire – connaissent les rouages des SGS et leur incidence sur le travail de mise en conformité. Karen Houlahan est une inspectrice de la navigabilité aérienne qui a vu l’avènement des SGS et leur influence sur la capacité de nos inspecteurs à assurer la sécurité des personnes.
Système de gestion de la sécurité – Qu’est-ce que c’est ?
Dans les années 2000, le régime de surveillance du système de gestion de la sécurité (SGS) – qui couvre l’aviation, le rail, le transport maritime et le transport de marchandises dangereuses – a commencé à envahir les industries du transport. Transports Canada a apporté des modifications réglementaires pour s’adapter au nouveau modèle, et cela change la nature du travail de nos membres – c’est-à-dire l’endroit où il est mis en œuvre, ce qui n’est pas uniforme.
Selon Houlahan, la façon dont le modèle a été adopté était « extrêmement peu clairvoyante ».
L’UCET et ses membres se sont inquiétés du fait que les SGS érodent notre capacité à protéger le public. Un rapport de 2020 commandé par l’UCET explique notre inquiétude quant au fait qu’il a conduit à une forme d’autorégulation ou, plus précisément, à une prise en charge de la réglementation par l’industrie privée.
Houlahan : « Il s’agit toujours d’un problème, et l’UCTE craint qu’il ne s’agisse presque, mais pas tout à fait, d’autorégulation. Le SMS est un bon concept, mais il ne doit pas remplacer un programme de surveillance de la conformité.
Dans le meilleur des cas, les SGS devraient inciter les opérateurs à adopter une culture de la sécurité. Par exemple, les militants syndicaux peuvent être familiarisés avec la culture de la sécurité qui entoure les questions de santé et de sécurité sur le lieu de travail. Bien sûr, dans le secteur privé, la tentation pour un opérateur est d’utiliser le SMS pour trouver des opportunités d’économiser de l’argent. « Il est extrêmement difficile d’imposer le SMS à un secteur qui connaît déjà des problèmes de conformité et d’essayer de le forcer à développer cette culture », poursuit M. Houlahan.
« Il est censé permettre d’économiser de l’argent à long terme. Idéalement, le SGS devrait aider les opérateurs à identifier les moyens d’atténuer l’exposition au risque. En d’autres termes, si quelque chose se produit, est-il possible que cela se reproduise, et si c’est le cas, que faire à ce sujet ?
La version idéale du SGS ne s’est donc pas concrétisée, et nos inspecteurs craignent qu’il ne devienne un système dans lequel les exploitants soumettent des rapports SGS à Transports Canada, et où les inspecteurs doivent ensuite décider s’il convient de contester le rapport ou d’en faire quelque chose. C’est très différent du système de surveillance précédemment en place. L’audit du processus lui-même n’est pas aussi fréquent qu’on l’avait envisagé à l’origine. Le principal problème, selon M. Houlahan, est qu’il s’agit d’un moyen très peu interventionniste de faire respecter la législation.
La situation actuelle
L’adoption par l’industrie a été lente. Les SGS ne sont pas obligatoires pour tous les modes de transport, et le Bureau de la sécurité des transports (BST) a noté qu’ils ne sont exigés que pour environ 10 % des opérateurs aériens commerciaux et moins de 1 % des navires commerciaux nationaux. Les systèmes de gestion de la sécurité ont été mis en œuvre dans les chemins de fer canadiens depuis plus de 20 ans, et le BST indique qu’il n’est pas évident qu’ils aient permis de réduire les risques. Cette question reste sur la liste de surveillance des questions clés du BST.
Les SGS ne transforment pas exactement l’industrie, et ce n’est ni un succès ni un échec. Nous devons toujours compter sur la surveillance directe des inspecteurs pour garantir la conformité – il n’y a pas de place pour les raccourcis ! Dans l’ensemble, les préoccupations de l’UCTE étaient fondées et la direction ferait bien d’écouter les travailleurs à l’avenir.